
Noodle, Automne 2020
Alors que je terminais un nouveau chapitre de je ne sais plus lequel de mes manuels à destination des membres de la République Populaire Laxisto-Fasciste — « De l’élevage des Princesses » ou « Pourquoi Papa a toujours raison Vol. 7 » peu importe — une fulgurance me … fulgura.
D’ici deux semaines cela fera trois ans que je suis, je dis bien « JE suis », l’heureux propriétaire d’un chien, animal merveilleux et adorable qui répond, difficilement mais s’il est de bonne humeur cela peut marcher, au rigolo patronyme de Noodle.
Je précise ici que ce n’est pas une quelconque référence cinéphilique à l’un des personnages du Sergio Leone qui raconte les Italo-Américains, oui mais lequel ?, dont pourraient m’accuser ceux qui connaissent mon amour pour le cinéma avant qu’il ne soit enterré sous l’avalanche des films de l’univers Marvel.
Non pas.
Cliquez sur le mignon chien pour entendre ma voix !
Il s’agit tout simplement du choix bien réfléchi de l’une de mes filles qui adore les nouilles chinoises. C’est aussi bête que ça, mais où donc va se cacher l’origine des choses, n’est-ce pas ?
Et donc.
Non je ne suis pas l’un de ces pères qui a fait l’acquisition du mignon petit chiot pour adoucir l’épreuve d’un confinement pour ses filles adorées. Je ne suis pas fait de ce bois doux là, moi.
Parce que c’est un truc qui se fait à ce que je vois. J’en connais des qui se panse la douleur d’être enfermé en ajoutant une boule de poil à leur cercle familial dans l’attente d’un vaccin qui arrivera bientôt mais quand, dites, c’est quand qu’il arrive ?
La force d’un caractère à l’aune d’une décision difficile
Je n’ai pas plié à une quelconque pression que je pourrais reprocher plus tard à la vie moderne, à un laboratoire chinois ou à Bill Gates.
Je n’ai pas, dans un sursaut d’humanité qui n’aurait de digital que celui de mon doigt caressant une faiblesse inavouable, cédé sous le poids trop lourd d’une épreuve dont l’Histoire nous dira si elle est remarquable au soir de l’hiver de Sa Mère la Terre.
Parce que des qui ont fait tout ça… j’en croise tous les soirs et tous les matins, avec leur petite boule de poils qui se baladent, tellement fiers d’eux. Gonflé de l’importance de la bulle de bonheur qu’ils ont fait éclater sur leur foyer.
On les voit là les faibles qui n’ont pas tenu le choc d’un deuxième confinement alors que le premier… ben c’était pas si dur parce qu’il faisait quand même super beau là-bas dans la maison loin de Paris.
Alors que là… Novembre, la pluie, les enfants, l’école,… et pas de terrasses pour aller s’épancher avec ses potes arborant tous des moustaches de bières parce que… putain c’est quand même Movember les mecs !
Non, je ne suis pas de ces gens là moi.
Quand j’ai décidé d’avoir enfin un chien, après une guerre de tranchées plus longue que la Grande, ce fut comme bien souvent en pleine inconscience, une attitude que je chéris comme ma première planche de skate. J’ai longuement réfléchi, pesé le pour et le contre, comme seul un adulte peut le faire. J’ai écouté les conseils de l’un de mes amis qui m’a dit « tu verras… c’est génial ». J’ai médité la question, j’ai dormi. Et puis Bulle m’a appelé au sortir d’une sieste. Elle a pris sa petite voix et m’a dit que « je serai le meilleur des papas si je pouvais dire oui ». Alors, qu’est ce que vous voulez ? J’ai dit oui.

Dessin d’humour par l’Honorable Gilles Rapaport
« J’ai cédé à mes filles », ce sera gravé sur mon urne pour mes funérailles viking.
Aujourd’hui, alors que le virus court les rues, je peux faire de même. Tous les jours, je trottine à côté de mon meilleur ami de l’homme que je suis. J’apprécie, je suis Bebel et bien content d’avoir dit oui. Et mes filles ont le meilleur des papas.
Mon chien n’est pas stupide. Quelqu’un qui m’aime autant ne saurait l’être.
Qu’on se le dise.